ARTICLE DE ELLE par Souâd BELHADDAD

Si, un jour, une femme vous aborde dans la rue et vous demande : « Excusez-moi, êtes vous amoureuse en ce moment ? », ne croyez parce qu’elle vous fait nécessairement des propositions malhonnêtes. C’est une des méthodes de Douce ALBERTINI pour découvrir l’âme soeur de ses clients… Et parfois, ça marche !

J’étais au Virgin Megastore. C’était au mois de décembre de l’année dernière – et une inconnue m’a accostée en me demandant : « excusez-moi, êtes-vous amoureuse en ce moment ? », je me suis dit : mais qui c’est celle là ! de quoi elle se même ! ». Celle là, c’est Douce, une marieuse, planquée derrière une étiquette plus conformiste de « conseil en communication ». Mylène, belle brune de la quarantaine sereine ainsi accostée, dévisage cette Corse chaleureuse, qui poursuit son speech en lui disant qu’elle connaît l’Homme de sa vie…

« J’ai accepté de boire un pot avec elle parce que, tout de même, des rencontres pareilles, on n’en fait pas tous les jours, se souvient-elle. Et puis, Douce, c’est une femme qui entre dans votre vie sans vraiment frapper, qui fonce. Elle sait faire appel aux sentiments. On a parlé de plein de choses et passé un très bon moment ».

Toutes deux copinent, s’échangent leur numéro de téléphone. Ce que Mylène ignore encore, c’est que Douce l’a abordée parce qu’elle est sûre que c’est la femme qu’il fut à Baptiste, un de ces complices, architecte de 50 ans, auprès de qui elle s’est engagée à trouver l’âme soeur.

Depuis deux mois, elle le rencontre régulièrement, déjeune ou dîne au resto avec lui et s’en est fait un copain. Sa manière de travailler, elle l’avait d’ailleurs prévenu Baptiste : elle n’est pas une agence matrimoniale, elle. Pourquoi diable irait-elle s’ajouter aux deux mille déjà existantes qui, non seulement ne règlent quasiment jamais rien au sort des trop grandes solitaires qui les consultent, mais en plus en font des fauchés ? Douce est trop sentimentale pour ça. Le business, d’accord, mais jamais sans sentiments, sans « feeling », comme elle dit souvent. Ce qui l’intéresse, elle, ce sont ces millions qui sont seuls, veulent s’aimer et n’y parviennent pas.

Alors, elle essaie pour eux….De façon classique (dans son cabinet, par petites annonces…)., et de façon plus orthodoxe, comme cette fois-là….

Une dizaine de jours plus tard, Douce rappelle Mylène, l’invite à la fête d’un copain…

Baptiste, bien sûr…. Mylène accepte volontiers. Directrice de marketing dans une maison de prêt-à-porter, elle vient à peine de sortir d’une liaison orageuse, a envie de rencontrer des gens nouveaux, mais surtout pas prévient-elle, naïve, revivre une histoire de couple. Lorsqu’elle arrive dans la maison de campagne ou vit Baptiste, elle croit se tromper de fête. « Quand on ne le connaît pas, Baptiste donne vraiment l’impression d’un homme posé, tranquille, alors qu’en fait, il a des côtés assez fous. Au premier abord, je me suis donc dit qu’on n’était pas à la bonne adresse. Puis comme peu d’invités étaient là, on a eu le temps de beaucoup discuter avec Baptiste, et là, on a eu une vraie rencontre…. Cette communication entre nous… c’était fabuleux… J’ai craqué sur cette homme vraiment…Baptiste aussi. A peine l’a-t-il vue arriver dans l’entrée, qu’il a dit-t-il « tout de suite flashé ». Douce ne l’a pourtant absolument pas prévenu, que Mylène était sa « recrue ». Il ne l’apprendra que plus tard, lorsque leur histoire sera commencée. Est-ce cette ignorance, justement, qui a permis à la sauce de prendre ?

Quand deux mois auparavant, Baptiste, un parmi les huit millions de célibataires que compte la France, a fait appel à Douce, c’est, précisément parce qu’il en avait plus que marre de l’être. Son principe ? Aide toi et le ciel t’aidera. Il ne manque pourtant pas de relations. Son job, il l’adore, le fait régulièrement voyager et il porte plutôt bien la cinquantaine. Cependant, depuis un moment, il a envie d’une vraie histoire. Une annonce dans un magazine qui parle de « l’art et la manière de rencontrer l’Autre » l’attire.

« Conseil en communication et relations humaines. Pour faire ou refaire votre vie….avec complicité, confiance, sérieux, humour et sérénité ». Tout un programme…. Quand il appelle, il imagine une professionnelle assez conformiste et découvre au bout du fil, une voix plutôt cool, qui sait, avec habileté, mais chaleur, passer rapidement au tutoiement. « Elle était à l’aise, raconte Baptiste. On a longuement discuté au téléphone et on s’est donné rendez vous dans un restaurant pour la première ois. Ca s’est très bien passé. Douce est bavarde, mais elle sait aussi écouter. Elle me questionnait beaucoup, mais je n’éprouvais pas du tout de difficultés à me livrer, parce que très vite, j’avais presque oublié que j’avais affaire à une démarche de boulot.

La façon dont se passaient les choses était très humaine. Avec le recul, poursuit-il, je suis sûr que j’aurais été très mal à l’aise, si Douce m’avait organisé un rendez vous de façon officielle.

Or, là, je ne savais vraiment pas que c’était « la rencontre » qu’elle concoctait. Et pourtant, Mylène est exactement la femme que je souhaitait. C’est drôle parce que je n’ai jamais dit à Douce le type de femme que je désirais, et elle ne me l’a jamais explicitement demandé. Elle se souciait surtout de mes expériences passées, de mes goûts. D’Elle même, elle a bâti l’image de la femme qui me conviendrait. Moi, vraiment, je n’avais pas de portrait déjà conçu, ou pas consciemment, en tous cas ». Baptiste pourrait parler longtemps de Mylène. Il l’aime… Il l’aime… Pourtant, riche de plusieurs expériences sentimentales, il affirme ne s’être jamais de sa vie, senti aussi proche d’une femme. « Si Douce m’avait dit que, pour ses contrats, elle allait parfois jusqu’à aborder des gens dans la rue, je lui aurais dit de laisser tomber ! Ca m’aurait paru absolument invraisemblable, sauf, peut-être, pour une aventure passagère. Mais dois-je lui donner tout le mérite ? C’et peut-être mon ange gardien qui lui a suggéré ce qu’il me fallait ? »

 

 

 

 

sous des allures de grand sceptique, Baptiste est assez impressionné. Leur contrat avec Douce ? Cette dernière s’engageait à lui trouver « une histoire sur mesure ». Sa démarche ? Communiquer régulièrement par téléphone, se voir souvent afin qu’elle le connaisse de mieux en mieux. Allez ensemble au ciné, au théâtre, boire un verre dans un bar de la ville et beaucoup parler, échanger. C est à partir du rapport que tous deux établiront que Douce pourra travailler, en mettant des annonces, par connaissances…Le contrat qui s’élève en novembre 2002 aux alentours de 6000 EUROS), ne prendra fin que lorsque Douce l’honorera, cela pourra donc durer aussi bien un mois qu’un an…. Mylène, d’abord un peu gênée d’apprendre la vérité, s’en félicite aujourd’hui.

 

Un don pour sentir les gens ? s’interroge-t-elle d’un ton mesuré… »je ne sais pas », mais ce qui est certain dans le cas de Baptiste, on ne peut pas dire qu’elle ait échoué ! Elle nous a fait nous rencontrer et, pour ma part, je lui dois de m’avoir fait connaître un homme fabuleux avec qui, depuis un an, je vis une histoire très belle, très forte.

Une histoire très belle….voilà l’expression qui, chaque fois, conclut le récit des quatre interlocuteurs rencontrés dont Douce a changé la vie en jouant d’audace. Si la « marieuse » insiste bien sur le fait que cette façon de procéder ne représente qu’un faible pourcentage de son travail, il n’en est pas moins concluant pour ces quelques cas.

Nicole aussi parle, en effet, d’une très belle histoire, en effet, quand elle évoque Yann. Encore un que Douce a repéré, comme ça, dans la rue, près des Halles. Grand, élégant, il semble très à l’aise dans sa peau. Nicole et lui, ça devrait marcher…Une fois encore…Douce a tapé dans le mille. Quelques jours après la rencontre avec Yann, Douce débarque avec lui à un rendez vous fixé avec Nicole, dans un café. Toujours cette impression d’aisance… » Elle m’avait prévenu qu’elle allait me présenter quelqu’un mais sans autre précision. Ce que j’ai aimé, c’est qu’elle me l’a présenté comme un copain. Tout coulait facilement. Quand il est arrivé, je me suis dit « tien, de nouveau, un blond », parce que moi, qui adore les bruns, je n’ai pourtant eu que des histoires avec des blonds ! En fait, il était sur plusieurs points, conforme à mes goûts. Comme première rencontre, c’était très sympa. Pas une seconde, je n’ai pensé qu’on était en affaire commerciale… « Une question brûle les lèvres…Nicole, la quarantaine, femme plutôt jolie et coquette, n’aurait-elle pas pu l’accoster elle-même, ce beau Yann, si elle l’avait vu dans la rue ? Non justement. Trop réservée…et puis, trop encombrée par son âge. Celui où l’image de la célibataire se confond, pour certains, avec celle de la vieille fille …

L’âge, pour Nicole en tous cas, où elle a plutôt envie qu’on vienne vers elle. Faire les premiers pas ? Elle n’ose pas. Douce ose donc pour elle. Nicole n’a su que six mois plus tard comment Douce s’était débrouillée. Avec Yann, ils s’en sont amusés, puis n’en ont plus jamais reparlé. « J’ai pensé qu’elle était gonflée et que ça faisait peut-être partie de sa démarche, mais j’ai aussi pensé que si nous avions tous ce courage, les agences matrimoniales n’auraient plus besoin d’exister…. « Courage ? Effronterie ?Lise, 23 ans n’en manque pourtant pas. Hôtesse de l’air elle travaille et vit seule depuis l’âge de 18 ans, c’est-à-dire après le divorce de ses parents…Entre ses escales, comme elle adore danser, elle passe une majorité de ses nuits en discothèque. Des gens, elle en rencontre plein, aussi loufoques que différents. Mais justement, la nuit, tous sont prêts à tout. Au grand jour, la fatigue a raison du monde qu’on refaisait avec tant d’enthousiasme en se déhanchant ou autour d’un verre. A force de nuits blanches et d’aubes « blues », une si jeune pourtant a eu le sentiment d’une grande solitude et de superficialité. Elle tombe sur la publicité de Douce par hasard, accroche bien à l’expression « relations humaines »>. Ses parents, mis au courant, lui offrent le contrat comme cadeau d’anniversaire ! A peine un mois plus tard, Douce lui fait rencontrer Patrick. Oui, oui, de nouveau le coup de « Pardon, est-ce qu’en ce moment… ? », dans un grand magasin cette fois : « il cherchait des fringues…raconte Douce, le plus naturellement du monde. J’ai noué la conversation facilement parce qu’il était jeune et qu’il aurait pu être mon fils. La confiance était donc assurée ! Ce qui est drôle, c’est que je lui ai demandé très vite ses sorties préférées et c’était exactement les mêmes boites que celles où allait Lise ! « Aujourd’hui, Lise et Patrick vivent et font la fête ensemble. « Lui et moi, avons la même opinion sur ce monde de noctambules. On continue d’aller en boite, ensemble, mais on a de la distance. On avait besoin d’une vraie rencontre, d’un refuge. On s’est trouvés. Je ne sais pas si c’est de la chance ou du hasard, mais de toutes façons, quand j’ai rencontré Douce, j’avais vraiment mis mon destin entre ses mains. Ma confiance était totale.

Alors, Hasard ? Intuition ? Ou réel pressentiment ? La recette, somme toute, semble peu intéresser les concernés. Est-ce parce que lorsqu’on fait cette démarche – payer quelqu’un Pour qu’il nous aide à aimer (ou peut-être payer quelqu’un qui nous aide à s’aimer ?) – on éprouve avant tout un terrible besoin de prise en charge ? De ce point de vue, la présence de Douce, presque envahissante de chaleur, les rassure sûrement.

DOUCE

« Je me suis rarement trompée »

Douce ALBERTINI a assez d’humour pour admettre que le métier de Conseil en communications et relations humaines peut tout dire et rien à la fois. « Mais les étiquettes, le marketing, ce ‘est pas vraiment mon truc ». En revanche, prenez-la en tête à tête , autour une tasse de thé, elle va parfaitement vous expliquer ce qu’elle fait. Elle parle vite, avec une surabondance de détails, et convainc sas peine quand elle dit que, lorsqu’elle accepte de travailler avec quelqu’un (elle dit « avec » pas « pour »), elle se donne à fond. Comment procède-t-elle ? Quand elle installe son cabinet, il y a deux ans, elle s’impose un principe : donner du temps à ceux qui la sollicitent. Et ne dire « oui » que quand elle est quasi sûre d’honorer son contrat. Lors du premier rendez vous, elle passe quasiment toute la journée avec la personne qui l’a appelée. Si elle la « sent », le contrat est signé, pour trois mois et plus, si elle n’a pas trouvé l’âme-soeur. Mais seulement si la personne est honnête, et ne me demande pas dix rencontres par mois comme l’a fait un jour un joaillier à qui j’ai expliqué que je n’étais pas Madame Claude ! » A partir de ce moment, Douce ne lâche pas son « complice » (client). Un rapport très étroit s’établit entre eux, au point de friser l’amitié parfois, avant de publier dans divers magazines une annonce très ciblée et de faire elle-même la sélection des réponses. 3On va au cinéma ensemble, au restaurant, faire des courses, dans le cas de femmes…Il me faut m’imprégner de la personne, au point de m’y identifier. Le jour où je rencontre quelqu’un dans la rue ou dans mon bureau, à la suite d’annonces que j’ai publiées, je sais, presque immédiatement si cela fonctionnera ou pas. Je me suis rarement trompée. »

Cette bouillonnante Corse : « Corse entre autres, parce que je ne supporte pas que l’on doute de moi » - a une carte majeure dans sa démarche : l’humanité . Elle entend, peut-être trop, la détresse de ceux qui viennent la voir, par divers moyens ! « Mais, vous précisez bien, hein, ,que je ne travaille pas tout le temps en accostant les gens dans la rue ! Mon travail est très sérieux ! »

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